Assurance construction : les obligations légales 

Tout savoir sur les obligations légales en matière d’assurance construction 

Lancer un projet de construction ou de rénovation ne se limite pas à choisir des plans et des matériaux. Chaque étape engage la responsabilité des professionnels du bâtiment et peut avoir des conséquences financières lourdes en cas de malfaçons ou de sinistres. Fissures, infiltrations d’eau, défaut d’isolation ou effondrement partiel : les dommages affectant un ouvrage peuvent survenir bien après la réception des travaux, et leur réparation représente souvent des sommes considérables.

Pour éviter que ces situations ne se transforment en litiges interminables, la France s’est dotée d’un dispositif juridique particulièrement encadré : l’assurance construction. Elle impose aux constructeurs et maîtres d’ouvrage certaines couvertures obligatoires, afin de garantir la réparation rapide des désordres et de sécuriser les investissements. Ces assurances spécifiques, prévues par le Code des assurances et le Code civil, sont indissociables de tout chantier, qu’il s’agisse d’une maison individuelle, d’un immeuble collectif ou de locaux professionnels.

Mais quelles sont exactement ces obligations ? Comment s’articulent-elles entre assurance décennale, dommages-ouvrage et garanties complémentaires ? Et surtout, quels sont les risques pour un professionnel ou un particulier qui néglige ces formalités ? Maîtriser ces aspects est essentiel pour mener à bien un projet immobilier sans s’exposer à de lourdes conséquences juridiques et financières.

 

L’assurance construction : un pilier de la sécurisation des chantiers

Construire ou rénover un bâtiment représente toujours un projet ambitieux… et parfois risqué. Derrière chaque chantier, qu’il s’agisse de la construction d’une maison individuelle, de la rénovation d’un immeuble ou de l’aménagement d’un local professionnel, se cachent des enjeux financiers considérables. La moindre malfaçon ou le plus petit désordre structurel peut rapidement entraîner des frais importants, des retards, voire un litige complexe entre le maître d’ouvrage et les différents intervenants.

Ces risques concernent autant les particuliers qui font construire leur résidence principale que les professionnels de l’immobilier, promoteurs ou investisseurs, pour lesquels une malfaçon peut bloquer la livraison d’un programme entier.

C’est pour répondre à ces risques que l’assurance construction a été mise en place. Elle constitue un dispositif de protection à double niveau :

 

  • elle couvre les dommages qui pourraient affecter l’ouvrage après sa réception ;
  • elle sécurise juridiquement et financièrement les relations entre les acteurs du chantier, en prévoyant des indemnisations rapides et en évitant de longs contentieux ;
  • elle garantit une indemnisation rapide grâce à un système d’assurances obligatoires coordonnées.

 

Au cœur de ce dispositif se trouve la responsabilité des constructeurs, prévue par les articles 1792 et suivants du Code civil, qui fait peser sur eux une obligation de résultat en matière de solidité et d’habitabilité de l’ouvrage. Pour y faire face, les assurances obligatoires permettent d’anticiper les risques et de protéger à la fois les professionnels et les maîtres d’ouvrage.

L’assurance construction n’est donc pas seulement une formalité légale : elle constitue une véritable sécurité financière et juridique. Elle garantit que, même en cas de sinistre grave, le projet pourra être réparé sans que les coûts ne pèsent entièrement sur le propriétaire ou les entreprises intervenantes.

Bon à savoir

Souscrire à ces assurances est indispensable dès le démarrage d’un chantier. Certaines garanties, comme l’assurance dommages-ouvrage, doivent d’ailleurs être mises en place avant l’ouverture des travaux.

Les assurances construction obligatoires : le cadre légal 

Le cadre légal de l’assurance construction est principalement défini par les articles L.241-1 et suivants du Code des assurances et par la loi Spinetta du 4 janvier 1978. Cette législation a instauré le principe de la responsabilité décennale, qui pèse sur les constructeurs pendant dix ans à compter de la réception des travaux.

Trois grands principes structurent ce dispositif :

  • la responsabilité décennale des constructeurs : tout constructeur (entrepreneur, architecte, maître d’œuvre, promoteur, etc.) est responsable pendant dix ans des dommages qui compromettent la solidité de l’ouvrage ou le rendent impropre à sa destination.
  • l’obligation d’assurance : les constructeurs doivent souscrire une assurance de responsabilité décennale et le maître d’ouvrage doit souscrire une assurance dommages-ouvrage avant l’ouverture du chantier.
  • l’automaticité de la garantie : en cas de sinistre, l’assureur indemnise rapidement les dommages couverts, puis se retourne, si nécessaire, contre le ou les responsables.

 

Ces principes s’appliquent à tous les chantiers soumis à permis de construire, qu’il s’agisse d’une maison individuelle, d’un immeuble collectif ou de locaux professionnels. Ils visent à offrir aux propriétaires et investisseurs une sécurité juridique et financière maximale. Ils constituent la base de toute opération de construction sécurisée.

Construction : les différentes assurances obligatoires 

La législation française impose deux assurances majeures, indissociables dans tout projet de construction.

La garantie décennale

L’assurance responsabilité décennale est souscrite par les constructeurs pour couvrir les dommages qui surviennent dans les dix ans suivant la réception des travaux.

 

Elle s’applique aux désordres graves, tels que :

  • les fissures importantes qui menacent la solidité du bâti ;
  • les infiltrations d’eau qui rendent le logement inhabitable ;
  • les affaissements ou les défauts de structure qui compromettent l’usage normal de l’ouvrage.

Bon à savoir

La garantie décennale couvre également les dommages qui affectent des éléments d’équipement indissociables, comme une pompe à chaleur encastrée ou un plancher chauffant, lorsque ces défauts compromettent la solidité ou l’usage du bâtiment.

Cette garantie est obligatoire pour tous les professionnels du bâtiment et son absence constitue une infraction qui peut entraîner des sanctions. 

L’assurance dommages-ouvrage

L’assurance dommages-ouvrage doit être souscrite par le maître d’ouvrage avant l’ouverture du chantier.

 

Elle a pour objectif de préfinancer rapidement la réparation des dommages couverts par la garantie décennale, sans attendre la recherche de responsabilité.

Elle est essentielle pour :

  • les particuliers qui font construire leur maison ;
  • les promoteurs et les maîtres d’ouvrage professionnels ;
  • les copropriétés qui font réaliser des travaux lourds.

Bon à savoir

Cette indemnisation intervient en principe dans un délai maximal de 90 jours après la déclaration de sinistre, ce qui permet de lancer les réparations sans attendre la fin d’une procédure judiciaire.

Le saviez-vous


En plus des assurances obligatoires, certains chantiers bénéficient d’assurances complémentaires facultatives qui renforcent leur sécurité :

  • l’assurance responsabilité civile professionnelle pour couvrir les dommages causés à des tiers ;
  • l’assurance tous risques chantier (TRC) pour protéger les matériaux, les équipements et ouvrages en cours de construction ;
  • l’assurance biennale pour garantir le bon fonctionnement des éléments d’équipement dissociables pendant deux ans.

Ces couvertures ne sont pas légalement obligatoires, mais elles sont fortement recommandées, notamment pour les projets de grande envergure.

 

Non-respect des obligations en matière d’assurance construction : les risques 

En matière de construction, ignorer les obligations d’assurance peut avoir des conséquences graves :

  • engagement de la responsabilité financière personnelle : en cas de sinistre, le constructeur ou le maître d’ouvrage non assuré doit supporter seul le coût des réparations, qui peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros.
  • sanctions pénales : l’absence d’assurance décennale peut entraîner jusqu’à 75 000 € d’amende et 6 mois d’emprisonnement (article L.243-3 du Code des assurances).
  • blocage de la revente : un bien non couvert par la dommages-ouvrage peut être difficile à revendre, car l’acquéreur exige la sécurité juridique de l’assurance. Dans certains cas, les banques peuvent même refuser de financer l’achat d’un bien dépourvu de dommages-ouvrage, car elles considèrent le risque financier trop important.



Bon à savoir

La garantie dommages-ouvrage est liée à l’immeuble et non au maître d’ouvrage.

Concrètement, si le bien est revendu dans les dix ans, l’acquéreur bénéficie automatiquement de l’assurance, ce qui sécurise la transaction et rassure les acheteurs.

À l’inverse, la garantie décennale est attachée aux constructeurs : en cas de sinistre, c’est toujours leur responsabilité qui est engagée, et non celle de l’ancien propriétaire.

Ces risques illustrent la nécessité de se conformer scrupuleusement à la loi et de sécuriser son projet dès le démarrage des travaux.

L’avocat en droit de l’assurance construction : quel est son rôle ?

Si la loi encadre strictement l’assurance construction, son application peut parfois s’avérer complexe. Entre les obligations légales, les exclusions de garantie et les délais de déclaration de sinistre, une erreur peut coûter cher.

L’avocat en assurance construction vous accompagne à chaque étape :

  • avant les travaux pour vérifier la conformité des polices souscrites et anticiper tout risque juridique ;
  • en cas de sinistre pour engager rapidement les procédures d’indemnisation et défendre vos intérêts face aux assureurs ;
  • lors d’un contentieux pour faire respecter vos droits devant les juridictions compétentes.

 

Faire appel à un professionnel du droit de l’assurance construction permet d’éviter les écueils fréquents et de sécuriser vos projets à long terme.

Les obligations légales en matière d’assurance construction ne sont pas de simples formalités : elles constituent un véritable garde-fou pour la pérennité de vos projets. La souscription des assurances obligatoires – dommages-ouvrage pour le maître d’ouvrage et garantie décennale pour les constructeurs – permet en effet de se prémunir contre des conséquences financières et juridiques souvent colossales. 

En complément, des couvertures comme l’assurance tous risques chantier ou la responsabilité civile professionnelle renforcent encore la sécurité des opérations.

Dans un secteur où la moindre erreur peut retarder un chantier, bloquer une revente ou entraîner un contentieux coûteux, la vigilance est de mise. Anticiper, c’est non seulement protéger votre investissement, mais aussi préserver votre réputation professionnelle et la confiance de vos clients ou partenaires.

Pour les projets complexes, les chantiers à forts enjeux ou en cas de sinistre, faire appel à un avocat en droit de l’assurance construction est un véritable atout. Cette approche proactive offre la sérénité nécessaire pour se concentrer sur l’essentiel : mener à bien vos projets en toute sécurité. Le cabinet Clément Poirier Avocat met son expertise à votre service pour protéger vos projets et vos investissements. Contactez-nous !